Comprendre le principe des FIP et FCPI
Investir dans les petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises innovantes tout en réduisant son impôt sur le revenu est une stratégie de plus en plus recherchée par les épargnants français. Les Fonds d’Investissement de Proximité (FIP) et les Fonds Communs de Placement dans l’Innovation (FCPI) sont deux dispositifs créés pour répondre à cet objectif : orienter l’épargne vers le tissu entrepreneurial tout en offrant un avantage fiscal significatif.
Ces fonds appartiennent à la famille des fonds communs de placement à risque (FCPR). Concrètement, lorsqu’un épargnant souscrit des parts de FIP ou de FCPI, son capital est investi, directement ou indirectement, dans des entreprises non cotées, souvent en phase de développement ou d’expansion. En contrepartie de cette prise de risque plus élevée que les placements classiques, l’État accorde une réduction d’impôt et une exonération d’impôt sur les plus-values, sous conditions.
Qu’est-ce qu’un FCPI ?
Le FCPI, Fonds Commun de Placement dans l’Innovation, est principalement dédié au financement des entreprises innovantes. La réglementation impose qu’au moins 70 % de l’actif du fonds soit investi dans des PME innovantes européennes, non cotées ou faiblement cotées.
Le caractère innovant d’une entreprise est évalué selon plusieurs critères, par exemple :
- Un niveau de dépenses de recherche et développement significatif par rapport au chiffre d’affaires.
- La détention de brevets, licences, technologies propriétaires ou savoir-faire distinctif.
- L’agrément délivré par Bpifrance ou un autre organisme compétent attestant du caractère innovant de la société.
Le FCPI est donc un outil privilégié pour soutenir les entreprises technologiques, les start-up et plus largement toutes les sociétés qui déploient des projets de R&D, qu’il s’agisse du numérique, de la santé, de l’industrie ou encore des énergies renouvelables.
Qu’est-ce qu’un FIP ?
Le FIP, Fonds d’Investissement de Proximité, se concentre sur le financement des PME de proximité. Il s’agit de sociétés implantées dans une zone géographique donnée (généralement plusieurs régions limitrophes). Un FIP doit investir au minimum 70 % de ses actifs dans des PME éligibles situées dans cette zone.
Les FIP peuvent cibler différents univers :
- Les FIP « classiques », investis dans des PME régionales de secteurs variés : services, commerce, industrie, tourisme, etc.
- Les FIP Corse ou FIP Outre-mer, bénéficiant souvent d’avantages fiscaux renforcés en contrepartie d’investissements dans des territoires spécifiques.
Cette approche territoriale vise à soutenir le développement économique local, la création d’emplois et la diversification du tissu productif des régions.
Les avantages fiscaux des FIP et FCPI
Le principal attrait des FIP et FCPI réside dans la réduction d’impôt sur le revenu accordée lors de la souscription. Le taux exact et les plafonds peuvent évoluer au fil des lois de finances, mais le mécanisme général reste stable : l’investisseur bénéficie d’une réduction calculée sur le montant investi, en contrepartie d’une durée de détention minimale des parts.
À titre indicatif, voici les grandes lignes du fonctionnement habituel (à vérifier chaque année en fonction de la législation en vigueur) :
- La réduction d’impôt est calculée sur le montant des sommes versées, hors droits d’entrée.
- Un plafond annuel de versement s’applique, distinct pour une personne seule et pour un couple soumis à imposition commune.
- Les réductions obtenues via FIP et FCPI entrent en principe dans le plafonnement global des niches fiscales.
Outre cette réduction immédiate, les éventuelles plus-values réalisées à la sortie (lors de la liquidation du fonds) sont en général exonérées d’impôt sur le revenu, sous réserve de respecter la durée de détention minimale. En revanche, les prélèvements sociaux restent dus.
Durée de blocage et horizon de placement
Investir en FIP ou en FCPI suppose d’accepter un horizon de placement long. Les parts sont généralement indisponibles pendant au moins 5 à 7 ans, parfois plus lorsqu’une prorogation de la durée de vie du fonds est décidée par la société de gestion afin de favoriser de meilleures conditions de sortie.
Il est important de comprendre que :
- Les FIP et FCPI ne sont pas des placements liquides : la revente de parts avant la liquidation du fonds est très difficile, voire impossible dans la pratique.
- Le respect de la durée minimale de détention est une condition pour conserver l’avantage fiscal. Une sortie anticipée pour des raisons non prévues par la loi peut entraîner une reprise de la réduction d’impôt.
- L’horizon conseillé se situe souvent autour de 8 à 10 ans, le temps que les PME en portefeuille se développent et que la société de gestion organise les cessions.
Ces caractéristiques font des FIP et FCPI des supports à envisager dans une optique de long terme, en complément d’autres placements plus liquides (livrets, assurance-vie, PEA, etc.).
Risques à connaître avant d’investir
Les FIP et FCPI s’adressent à des investisseurs acceptant un niveau de risque significatif. Plusieurs éléments doivent être examinés avec attention :
- Risque de perte en capital : les PME non cotées peuvent connaître des échecs commerciaux, des difficultés de financement ou des retournements de marché. Le capital investi peut être partiellement ou totalement perdu.
- Risque de liquidité : les parts ne sont pas cotées en bourse et ne bénéficient pas d’un marché secondaire organisé. La sortie se fait en général uniquement à l’échéance du fonds.
- Risque de décalage entre avantage fiscal et performance financière : la réduction d’impôt ne doit pas masquer une performance intrinsèque médiocre. Un fonds très défiscalisant peut malgré tout aboutir à un rendement global faible, voire négatif.
- Risque lié à la société de gestion : la qualité de la sélection des participations, l’accompagnement des entreprises et le timing des cessions sont déterminants. Tous les gestionnaires n’ont pas la même expérience ni le même historique.
L’investisseur doit donc considérer l’avantage fiscal comme un « coup de pouce » qui vient compenser une partie du risque et de l’illiquidité, mais pas comme une garantie de gain.
Comment choisir un FIP ou un FCPI ?
Face à une offre abondante, la sélection d’un fonds mérite une analyse rigoureuse. Plusieurs critères peuvent guider le choix :
- L’historique de la société de gestion : examinez la performance des millésimes précédents, la stabilité des équipes et la spécialisation éventuelle sur certains secteurs (santé, numérique, transition énergétique, etc.).
- La stratégie d’investissement : nature des entreprises ciblées, stade de développement (amorçage, croissance, transmission), zone géographique, diversification sectorielle.
- Le niveau de frais : droits d’entrée, frais de gestion annuels, commissions de surperformance. Ces éléments ont un impact direct sur la performance nette pour l’investisseur.
- La transparence de l’information : qualité des rapports remis aux porteurs de parts, description des participations en portefeuille, clarté sur le calendrier d’investissement et de désinvestissement.
- La cohérence avec votre profil de risque : un épargnant très prudent ou disposant d’une épargne de précaution limitée ne devrait affecter qu’une part restreinte de son patrimoine à ce type de support.
Il peut être pertinent de diversifier entre plusieurs fonds, voire entre FIP et FCPI, afin de répartir le risque sur différents gestionnaires, régions et secteurs d’activité.
Quel montant investir et pour quel profil d’épargnant ?
Les FIP et FCPI ne doivent pas représenter la totalité ni même la majorité du patrimoine financier d’un particulier. Ils s’intègrent plutôt comme une brique complémentaire dans une stratégie patrimoniale globale.
De manière générale, on peut envisager que :
- Ce type de placement convienne davantage aux contribuables soumis à un impôt sur le revenu significatif, pour lesquels la réduction fiscale a un impact réel sur la facture fiscale annuelle.
- La part investie en FIP/FCPI reste limitée, souvent de l’ordre de quelques pourcents du patrimoine financier total, afin de ne pas concentrer le risque.
- Les épargnants doivent disposer d’une épargne de précaution déjà constituée et de placements plus liquides avant d’envisager ce type d’investissement.
Une approche progressive, par souscriptions étalées sur plusieurs années, permet aussi de lisser le risque et de bénéficier de plusieurs millésimes de fonds, aux calendriers d’investissement et de sortie distincts.
Articulation avec les autres dispositifs de défiscalisation
FIP et FCPI s’inscrivent dans un paysage plus large de solutions de réduction d’impôt : investissements immobiliers (Pinel, Denormandie, etc.), souscriptions au capital de PME en direct, épargne retraite, dons aux œuvres, entre autres. Chaque dispositif a ses propres contraintes (plafonds, durée, risques, liquidité).
L’une des questions récurrentes concerne le plafonnement global des avantages fiscaux. Les réductions d’impôt obtenues via FIP et FCPI se cumulent avec d’autres niches, dans la limite d’un plafond annuel fixé par la loi. Il est donc nécessaire de vérifier, avant toute souscription, que l’ensemble des réductions attendues n’excède pas ce plafond, au risque de ne pas profiter pleinement de l’avantage théorique.
Pour certains contribuables, l’arbitrage entre un investissement FIP/FCPI et un autre mécanisme de défiscalisation dépendra de la tolérance au risque, du besoin de liquidité, de l’horizon d’investissement et des objectifs patrimoniaux (constitution de revenus futurs, préparation de la retraite, transmission, etc.).
Investir dans l’économie réelle avec discernement
En orientant une partie de leur épargne vers les FIP et FCPI, les particuliers participent au financement direct de l’économie réelle : soutien à l’innovation, renforcement des fonds propres des PME, développement de projets locaux. Cet impact économique est souvent mis en avant par les sociétés de gestion pour valoriser la dimension « utile » de ces placements.
Pour autant, l’approche doit rester pragmatique et structurée. Avant de souscrire, il est recommandé :
- De lire attentivement la documentation réglementaire (prospectus, DIC, règlement du fonds).
- De vérifier l’adéquation de l’investissement avec votre situation personnelle (horizon, fiscalité, objectifs).
- De comparer plusieurs fonds, y compris au sein d’une même société de gestion, afin de choisir ceux qui correspondent le mieux à votre profil.
- Le cas échéant, de solliciter l’avis d’un conseiller en gestion de patrimoine ou d’un professionnel indépendant.
FIP et FCPI peuvent constituer un levier intéressant pour investir dans les PME tout en réduisant son imposition, à condition de bien en mesurer les contraintes, les risques et la durée d’engagement. Utilisés avec discernement, ils s’intègrent dans une stratégie diversifiée, aux côtés de solutions plus classiques, pour construire un patrimoine équilibré tout en soutenant le développement des entreprises françaises et européennes.
